La PrEP efficace aussi à faible fréquence

28 novembre 2019
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L'essai randomisé ANRS IPERGAY a démontré que la prophylaxie pré-exposition (PrEP) à la demande (au moment des rapports sexuels) par voie orale est très efficace comparativement au placebo pour prévenir l’infection à VIH chez les hommes à risque élevé de VIH ayant des relations sexuelles avec des hommes (1) . Dans une sous-étude récente de cet essai, coordonnée par Laurence Meyer directrice de l’Unité Inserm SC10-US19, « Essais thérapeutiques et maladies infectieuses », Université Paris Sud-Paris Saclay, dont les résultats sont publiés aujourd’hui dans The Lancet HIV, les chercheurs se sont intéressés aux participants de l’essai IPERGAY qui recevaient soit la PrEP soit un placebo, avec une prise de PrEP moins fréquente (moins de 15 comprimés par mois) en relation avec une fréquence moins grande de rapports sexuels (5 rapports sexuels par mois en médiane).

La question de l’efficacité de la PrEP à la demande pour des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes peu fréquents, et donc une prise de PrEP peu fréquente, est essentielle pour la prévention.
C’est pourquoi l’équipe de Laurence Meyer a analysé les données de l’essai IPERGAY en sélectionnant les phases de moindre prise de PrEP, celles correspondant à des périodes d’activité sexuelle moins fréquente durant lesquelles les participants prenaient moins de 4 comprimés par semaine, ce qui correspondait à une médiane de 5 rapports sexuels par mois.

L'étude ANRS IPERGAY s'est déroulée dans plusieurs centres cliniques hospitaliers en France et au Canada, avec la participation active de l'association AIDES en France, de l’organisme communautaire RÉZO au Canada, des services de l'ANRS, d'Unités de recherche ainsi que du SC 10 de l'Inserm. Cet essai randomisé, qui a débuté en 2012, a été mené chez 400 Hommes ayant des rapports avec des hommes (HSH) très exposés au risque d'infection par le VIH. La moitié du groupe étudié était invitée à prendre l’antirétroviral TDF/FTC au moment des rapports sexuels, l'autre moitié un placebo. L'ensemble des participants recevait des conseils personnalisés de prévention à chaque visite grâce à l’accompagnement communautaire réalisé par les militants de l’association Aides et de l’organisme montréalais RÉZO, ainsi que des préservatifs, et bénéficiaient de dépistages répétés du VIH et des autres infections sexuellement transmissibles, suivis si besoin d’un traitement. La vaccination contre les hépatites B et A était systématiquement proposée aux participants et le traitement post exposition du VIH mis à disposition. 

 

Six infections VIH sont survenues dans le groupe placebo et aucune dans le groupe recevant la PrEP active, soit une réduction très significative du risque d’infection VIH.

Les chercheurs montrent donc que la PrEP à la demande est aussi d’une très grande efficacité pour prévenir l’infection VIH chez des hommes qui ont des rapports sexuels peu fréquents avec des hommes, par exemple cinq rapports sexuels par mois, avec une adhérence élevée à la PrEP.

En conclusion, les auteurs précisent : « cette étude démontre que la PrEP à la demande est une alternative adéquate à la PrEP en continu pour les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes à haut risque, y compris pendant les périodes où les rapports sexuels sont moins fréquents ».

 

(1) Molina et al, On-Demand Preexposure Prophylaxis in Men at High Risk for HIV-1 Infection. The New England Journal of Medicine, Dec 1st 2015

 

Source :

On-demand pre-exposure prophylaxis with tenofovir disoproxil fumarate plus emtricitabine among men who have sex with men with less frequent sexual intercourse: a post-hoc analysis of the ANRS IPERGAY trial

Guillemette Antoni, Cécile Tremblay, Constance Delaugerre, Isabelle Charreau, Eric Cua, Daniela Rojas Castro, François Raffi, Julie Chas, Thomas Huleux, Bruno Spire, Catherine Capitant, Laurent Cotte, Laurence Meyer*, Jean-Michel Molina*, for the ANRS IPERGAY study group†

Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) SC10 US19, Villejuif, France (G Antoni PhD, I Charreau PhD, C Capitant MD, Prof L Meyer MD); Centre Hospitalier de l’Université de Montréal, Montréal, QC, Canada (Prof C Tremblay MD); Hopital Saint-Louis, Assistance Publique Hôpitaux de Paris, Paris, France (Prof C Delaugerre PharmD, Prof J-M Molina MD); Inserm UMR 944, Biologie Cellulaire des Infections Virales, Paris, France (Prof C Delaugerre, Prof J-M Molina); Université de Paris, Paris, France (Prof C Delaugerre, Prof J-M Molina); Hopital de l’Archet, Nice, France (E Cua MD); Coalition PLUS, Pantin, France (D Rojas Castro PhD); Aix Marseille Université, Inserm, Institut de Recherche pour le Développement, Sciences Economiques & Sociales de la Sante et Traitement de l’Information Médicale, Marseille, France (D Rojas Castro, B Spire PhD); Observatoire Régional de la Sante Provence-Alpes-Cote d’Azur, Marseille, France (D Rojas Castro, B Spire); Inserm CIC 1413, Nantes, France (Prof F Raffi MD); Service des Maladies Infectieuses et Tropicales, Centre Hospitalier Universitaire de Nantes, Nantes, France (Prof F Raffi); Hopital Tenon, Paris, France (J Chas MD); Hôpital Gustave Dron, Centre Hospitalier Universitaire de Tourcoing, France (T Huleux MD); Hôpital de la Croix Rousse, Hospices Civils de Lyon, Lyon, France (L Cotte MD); and Université Paris Sud, Université Paris Saclay, Paris, France (Prof L Meyer)

The Lancet HIV, 27 novembre 2019,  https://doi.org/10.1016/S2352-3018(19)30341-8

 

Contact scientifique :

Laurence Meyer
laurence.meyer@inserm.fr